Le terme « poésie » peut avoir différents sens, parmi lesquels on retient d’une part le genre littéraire, avec les codes et les techniques qui lui sont propres, et d’autre part tout ce qui touche la sensibilité humaine. On pourrait caractériser le texte poétique par le rapport tout particulier qui unit signifiant et signifié, moins direct, moins trivial qu’il ne l’est dans un texte en prose.
Le mot « errance », quant à lui, est inévitablement lié à l’idée de voyage, de route, de cheminement. Selon le dictionnaire Littré, on convoque également l’idée d’égarement, d’erreur, de tromperie par rapport à une doctrine établie. Ce terme dérive en effet de deux verbes différents : le latin médiéval iterare, « voyager » et d’un deuxième verbe latin errare, « aller à l'aventure », d'où « faire fausse route, se tromper ».
Cette expérience de l’errance, dans ses différentes acceptions, est vécue et retranscrite intensément par les auteurs des trois recueils du corpus, Victor Hugo, Charles Baudelaire et Guillaume Apollinaire : elle est au centre de leur œuvre. Leur style poétique transmet d’ailleurs cette notion par différents procédés littéraires. On peut donc se poser la question de la nature de la relation entre errance et poésie : l’errance d’un auteur engendre-t-elle l’écriture poétique, ou bien la mise en texte de l’errance est-elle un moyen de surmonter l’expérience douloureuse faite par les auteurs ? Enfin, peut-on réellement parler d’errance alors que le travail d’architecture en recueil est si important pour les trois auteurs ?