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Perspectives franco-allemandes à l’issue de la présidence, par la France, du conseil de l’Union Européenne

Alors à la demande générale de deux personnes (il ne m'en fallait pas plus :), voici un compte-rendu de la conférence en question. C'est un peu solennel parceque ce texte est destiné à des gens du boulot...

Ce jeudi 12 février 2009, les membres parisiens du programme ConnExion avons assisté à une conférence-débat sur le thème « Perspectives franco-allemandes à l’issue de la présidence, par la France, du conseil de l’Union Européenne ». Cette conférence tenue à la Maison Heinrich Heine de la Cité Universitaire Internationale de Paris a été honorée de la présence de Reinhard Schäffers, Ambassadeur d’Allemagne en France. Il était accompagné de Henri Ménudier, de Sahra El Fassi, étudiante à Paris III et à Mannheim, et de Christiane Deussen.

Pour la 12e fois, la France a présidé pendant six mois le Conseil de l’Union européenne. Pour la plupart des commentateurs, en France et en Europe, le bilan tiré de la Présidence française est positif, en raison notamment de la réactivité dont elle a fait preuve au moment de la crise géorgienne et de la crise financière. Est-ce que la concertation franco-allemande a bien fonctionné et quelles sont les perspectives pour 2009, année qui sera marquée par les élections européennes, le renouvellement de la Commission, les élections en Allemagne et éventuellement un nouveau référendum en Irlande ?

 

Herr Schäffers a introduit le débat en présentant l’état des relations franco-allemande selon trois axes : le bilan de la présidence française, les convergences et divergences d’opinion franco-allemandes actuelles, et l’avenir des relations bilatérales.

En accord avec le sentiment international général, l’opinion allemande est satisfaite de la présidence française. Le Président Sarkozy a su faire preuve de rapidité et de fermeté dans sa gestion de la crise politique en Géorgie, puis de la crise financière grâce à un plan de relance à l’échelle européenne et à l’organisation du premier sommet de la zone Euro. La France a également été motrice sur le Traité de Lisbonne. Le Paquet Climat Energie, même s’il a été freiné par l’Allemagne, est un signe fort en direction des gouvernements américain, indien et chinois avant le sommet de Copenhague qui décidera du futur du protocole de Kyoto. Un accord de principe a été trouvé concernant la politique d’immigration et d’asile au niveau européen. Deux points ont cependant été mis de côté, en raison de l’urgence de la gestion des crises : la PAC sur laquelle aucun progrès n’a été réalisé, et la PESD, freinée par le gouvernement britannique.

Malgré leur « agacement mutuel » souligné par les médias, la France et l’Allemagne entretiennent des points de vue communs sur différents sujets. La dépendance économique est toujours forte : par exemple, nombreux sont les sous-traitants français pour l’industrie automobile allemande. Les deux gouvernements échangent des fonctionnaires à tous les niveaux, notamment aux ministères des Affaires Etrangères, de la Défense ou de l’Agriculture. Le sommet de Londres concernant la crise financière et la nouvelle régulation des marchés sera préparée conjointement par les deux pays,  qui ont d’ailleurs témoigné d’une coopération exemplaire lors de la crise financière.

Cependant, il existe des divergences. Les analyses du Paquet Climat Energie ont été différentes en raison des positions des deux pays par rapport au nucléaire et au charbon, et aux émissions de CO2 associées. L’Allemagne a également manifesté son incompréhension concernant l’Union pour la Méditerranée voulue par le Président Sarkozy, qu’elle a convaincu de recentrer au niveau européen. Enfin, un « incident  diplomatique » a été déclenché par l’utilisation, à plusieurs reprises, de l’expression « gouvernement économique » par le Président français, interprété par l’Allemagne  comme une volonté de paralyser la BCE; mais ce conflit a abouti a un accord final jetant l’anathème sur cette expression.

Dans les prochains mois, l’actualité franco-allemande sera marquée par le sujet de la PESD. En effet, le Président français prévoit d’annoncer officiellement le retour de la France dans  l’OTAN, lors du sommet prévu début avril 2009. Ce retour, désapprouvé par l’establishment politique français, notamment UMP, ainsi que par les pays de l’Est et par le Royaume-Uni, est soutenu et attendu par Angela Merkel, qui en fait un préalable à la PESD. Pour les deux gouvernements, un retour dans l’OTAN permettrait à la France de faire davantage valoir son poids politique.

 

La présentation de Herr Schäffers a été suivi par un temps de débat avec le public. Parmi les différentes questions, deux d’entre elles concernaient particulièrement les membres du programme ConnExion.

Un des membres du public a interrogé Herr Schäffers sur les implications politiques de la fin de la coopération entre les entreprises Siemens et Areva. Selon Herr Schäffers, cette décision constitue un aléa  de la vie industrielle et n’a en rien été concertée avec le gouvernement allemand. Siemens, qui rencontre actuellement les mêmes problèmes qu’Areva sur le chantier de l’EPR en Finlande, désirait prendre une part de responsabilité plus importante dans les projets, ce qui lui a été refusé par Areva. Ce désaccord purement industriel a été la cause de la rupture de la collaboration, rupture par ailleurs prévue en option annuelle.

Une autre personne s’est interrogée sur la relation de cause à effet entre le rapprochement de l’Allemagne des pays de l’Est, et l’affaiblissement des liens franco-allemands. En effet, Herr Schäffers a souligné que depuis la réunification avec la RDA en 1989, l’Allemagne a renforcé ses liens avec les pays de l’Est, notamment politiques et culturels, et que cela s’est fait en partie au détriment du franco-allemand. Cependant, cela n’explique pas tout : c’est la baisse générale des crédits alloués à la Culture, côté français comme allemand, qui doit être tenue responsable de la méconnaissance croissante des cultures des deux pays. L’Allemagne montre d’ailleurs régulièrement sa volonté d’intégrer la France à ses relations et à ses projets avec les pays de l’Est.



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G
Introduction du débat selon trois axes : comme quoi la formation à la dissert. en trois parties, entrée, plat, dessert, ça marche aussi en Allemagne.PESD = Politique Européenne de Sécurité et de DéfenseBCE = Banque Centrale EuropéenneL'anecdote sur l'anathème jeté sur l'expression "gouvernement économique" me fait penser au type condamné à mort au XVIIème pour avoir créé l'expression "économie politique".
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L
Ah génial le compte-rendu !Ça me donne quand même l'impression d'être un peu "morose" comme bilan, non ? Méconnaissance des cultures, mésententes sur des sujets-clefs... Bon bein sûr c'est présenté avec le sourire et le tradditionnel "mais bien sûr cela n'affecte pas l'état des relations entre nos deux pays, par ailleurs excellentes"... Mais quand même. C'est que je compare avec ce que nous avons de notre côté, et j'y trouve un caractère plus "enthousiaste"... Enfin bon c'est peut-être aussi qu'un sommet d'État approche ici, et qu'en Allemagne personne ne nous doit une place au G20 :-pEnfin bref, c'est super intéressant d'avoir des points de comparaison avec d'autres pays sur ce que je vois ici, donc merci encore Audrey !
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F
Super, merci Audrey!Au fait, comment tu avais entendu parlé de cette conférence? par EDF?
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C
<br /> Non non, j'ai fait une recherche du genre "conférence france allemagne paris" et je suis tombée dessus par hasard. Il y en a certainement d'autres du même genre en Allemagne !<br /> <br /> <br />